mardi 21 juin 2011

I fall in love with the enemy.


Bon Iver - Calgari

Il m'avait donné rendez-vous dans un café du genre branché. Je suis arrivée en avance. C'est une mauvaise habitude parait-il. Dans les séries américaines, y a toujours une fille qui conseille à une de ces copines d'arriver en retard à son rencard. Les femmes sont faites pour être désirée. Je me suis assise à une table pour deux dans un endroit visible histoire de pas devoir lui courir après dans le café. J'ai sorti mon bouquin pour m'occuper l'esprit. La porte s'est ouverte. J'ai abandonné ma lecture. C'était lui, il portait un costume noir avec une chemise blanche. De toute manière, ce mec est constamment en costume. Il m'a souri. J'ai rangé mon bouquin. Je me suis levée, il a déposé un baiser au coin des lèvres plutôt que de m'embrasser sur la joue. J'ai rougi. On s'est assis. Il m'a demandé comment j'allais mais son portable ne m'a pas laissé le temps de répondre. "I'm sorry, I have to..." j'ai hoché de la tête pour lui faire comprendre qu'il pouvait décrocher. Il s'est mis à parlé anglais, puis italien puis de nouveau anglais juste avant de raccrocher. Il s'est de nouveau excuser. Le serveur s'est pointé, on a respectivement commandé un machiato et un café noir. C'est lui qui a entamé la conversation parce que après tout, c'est lui qui l'avait voulu se "verre" et puis moi, j'ai pas grand chose à lui dire. Il m'a parlé de son taff, il était plutôt crevé parce qu'il avait passé la nuit à bosser sur la future collection de la marque pour laquelle il bosse. Et puis tout à coup, il m'a demandé si je cousais encore. J'ai répondu oui sans trop savoir où il voulait en venir. Il a sorti un papier plié de la poche interne de sa veste et me l'a tendu. J'ai ouvert le papier, sur ce papier, y avait un croquis de robe dessiné. "Je l'ai dessiné pour toi. Elle devrait t'aller à la perfection. Si tu veux, je peux te faire le patron" Je l'ai remercié. C'est la première fois de ma vie que quelqu'un me dessine une robe. Ensuite, il a pris des nouvelles de ma vie. Je lui ai expliqué qu'en ce moment j'étais sur le banc de touche à cause d'une sale blessure à la jambe. Il a fait la moue. Je l'ai trouvé à croquer. Il m'a offert de sourire en guise de réconfort. On a encore parlé pendant un bon quart d'heure et puis on a réglé la note, il avait un rendez-vous d'affaire. Une fois dehors, il m'a demandé comment je rentrai chez moi. "à pieds" à en juger par le regard qu'il m'a lancé, ma réponse devait lui paraitre plutôt étonnante. Il a insisté pour que me raccompagner. J'ai refusé. Il lourdement insisté et moi, finalement, j'ai accepté même si je savait pertinemment qu'il allait tenter un truc. Il venait de me dire où se déroulait son rendez-vous, je connaissais très bien cet endroit et je savais également qu'il allait devoir faire un détour pour me déposer. Franchement, vous en connaissez beaucoup vous des mecs qui prennent le risque d'arriver en retard à un rendez-vous d'affaire juste pour le plaisir de raccompagner une nana chez elle ? Dans les films américains, le mec emballe toujours sa prétendante dans la voiture ou alors sur le pas de la porte du domicile de cette dernière. Quand on est arrivé devant chez moi, j'ai pris les devant. Je l'ai vite fait remercié puis je l'ai embrassé sur la joue et je suis sortie. La portière de la voiture s'est refermé, il souriait mais c'était un sourire crispé. 

Parfois, je me dis que ça sert à rien de résister. Tôt ou tard je finirai par craquer, c'est évident qu'on ne peut pas repousser éternellement un dude comme lui. Mais je me dis qu'au moins j'aurai essayé et que plus tard, ça m'aidera à soulager ma conscience quand j'aurai basculé du côté obscure.  

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